La soie - beauté, confort et secret des dieux...

Les voyages de Marco Polo ont eu un tel impact sur l'histoire que nous en parlons toujours aujourd'hui (plus de 4 millions de recherches par mot-clé sur Google). Ce qui a rendu ce voyage si célèbre sont les trésors que Marco Pole a réclamé avoir vu au Cathay (c'était le nom employé par les Européens pour désigner la Chine durant le Moyen Âge). Parmi ces trésors, il y avait un produit qui valait son poids en or.

La production de soie est maîtrisée par les Chinois depuis au moins 2500 av. J.C. Le secret a été jalousement gardé pendant 2000 ans. Ce secret étonnant se nommait Bombyx Mori, un ver qui fabrique un cocon en soie pour sa métamorphose en papillon. Ce cocon est fait d'un filament continu de un ou deux deniers pour une longueur atteignant jusqu'à 1000 m. Entre cinq et huit de ces filaments sont tordus ensemble pour faire un fil. Au début, seulement l'empereur avait le droit de porter ou de posséder des produits en soie. Avec le temps, la soie a été autorisée pour ceux qui en avaient les moyens. Pour préserver la continuité du fil il est impératif d'empêcher le papillon de sortir. La production inclut donc une étape où l'insecte est tué avant qu'il ne perfore le cocon. On en laisse sortir quelques-uns qui sont destinés à la reproduction. Trois ou quatre jours après avoir quitté le cocon, il se féconderont, pondront 500 oeufs ou plus et mouront quatre jours plus tard. Autour de 200 av. J.C., le secret n'est plus puisque la soie commence à voyager officiellement vers l'ouest à Babylon. La production de soie, appelé «sériciculture», atteint la Corée autour de 200 av. J.C. avec des immigrés chinois. Il y a certaines indications cependant qui laissent croire que les Romains et les Grecs ont été mis au courant des merveilles de la soie des centaines d'années auparavant.

La soie a été toujours considérée comme un produit de grand luxe. De 2500 à 3000 cocons sont requis pour produire une verge de soie. On peut imaginer le travail exigé pour dérouler délicatement les 2500 à 3000 cocons pour produire un mètre de tissu en soie. À travers l'histoire, seulement les tisserands les plus habiles eurent le droit de travailler avec ce fil précieux. Notez combien les mots anglais «skill» (adresse) et «silk» (soie) se ressemblent.

Quelques faits intéressants: une once d'oeufs est l'équivalent de 30 000 vers qui mangent une tonne de feuilles de mûre et produisent douze livres de soie brute. Le mûrier est le régime exclusif du Bombyx Muri. Le ver à soie sauvage cependant mangera des feuilles de chêne.

Parmi les fibres naturelles, la soie est le meilleur produit pour remplacer la peau. La soie offre un contact sans heurt, sans abrasifs et contaminants fibreux en plus de transporter la vapeur d'eau très efficacement. Beaucoup d'études dans le British Journal of Dermatology recommandent d'employer la soie dans le pansement de blessures après avoir enlever certaines protéines libres qui peuvent émigrer dans la peau. La soie se comporte avec l'eau de façon très semblable à la peau humaine, au moins au niveau de l’endoderme (la troisième couche). Une veste d’hôpital en soie aidera les bébés prématurés à se sentir plus confortables et en sécurité en raison de la sensation d'une peau additionnelle.

Ceux parmi vous qui ont eu la chance de porter un pyjama en soie pourraient avoir noté comment le tissu maintient au frais dans les températures chaudes et réchauffe dans les températures plus froides. C'est la beauté d’une bonne gestion de l’humidité. Permettre l'évaporation de l’eau de la peau, appelée sudation, fournit une sensation de fraîcheur. Quand la peau reste sec due à des températures plus fraîches, la nature isolante du fil de soie prend le dessus et assure la protection contre le froid attendu de tous vêtements étroitement tissés.

Un autre avantage de la soie est sa nature poreuse et la facilité à laquelle elle peut être teinte. Des oeuvres d'art en impression sont transférées sur des tissus en soie, les transformant ainsi en tapisseries ou en peintures portables.

Aujourd'hui, la soie reste un produit de luxe. Le tissu en soie très mince est assez commun comme recouvrement pour les robes ou habits chiques, mais la qualité du tissu est fragile et n'est pas recommandée comme seul revêtement externe.

La soie se trouve certainement parmi les tissus les plus confortables jamais fait par l'homme. Sa qualité comme matériel en contact avec la peau la rend idéale pour les sous-vêtements qui sont, de ce fait, un marché prospère. Il est cependant préférable de porter des sous-vêtements en soie pour des occasions spéciales puisque de nombreux lavages contribueront à la dégradation rapide des fibres.



References:

The Romance of Silk , The Textile Institute, Vol 21 no 4, 1991.
The Book of Silk, Philippa Scott, ed Thames & Hudson Ltd, 1993.
Les industries de la Soirie, Jean Vashalde, Presse universitaire de France, 1972